Le glaucome est une maladie mal connue bien qu’elle atteigne environ 2% de la population. Il y aurait dans notre pays 600 000 personnes atteintes, auxquelles s’ajoutent environ 400 000 autres touchées par cette maladie et qui ne le savent pas. C’est la première cause de cécité absolue. Pourtant, il s’agit d’une affection qui, dépistée de façon précoce, est dans la majorité des cas bien soignée. Le glaucome est dû à une montée de la pression oculaire (PIO) qui entraîne une atteinte du nerf optique puis du champ visuel.
Quels sont les signes du glaucome ?
Dans le glaucome aigu à angle fermé, la PIO monte très brutalement, de violentes douleurs surviennent, l’œil est rouge et la vue est atteinte. La vue risque d’être perdue en quelques heures. Traité en urgence ou de façon préventive le glaucome guérit. Le glaucome à angle ouvert n’est pas une maladie réversible. Asymptomatique, seul un bilan ophtalmologique permet de faire le diagnostic.
Quelle est l’évolution du glaucome ?
Pendant longtemps, la vision devant soi est préservée. Peu à peu, le champ visuel se détruit, puis le centre de la vue est progressivement atteint. En toute fin d’évolution la vision centrale disparaît. Il faut donc être conscient que l’absence de gêne dans la vie de tous les jours ne veut pas dire qu’il n’y a pas de glaucome ou que glaucome n’évolue pas. De façon générale, le glaucome concerne les deux yeux. Cependant l’atteinte n’est pas symétrique. Une modification de la prescription de lunettes n’est d’aucun secours pour corriger les troubles liés au glaucome.
Le rôle de la myopie et de l’hérédité
Le glaucome chronique est plus fréquent et plus grave chez les myopes que chez les autres sujets. Il est certain que le glaucome est au moins en partie héréditaire.
Dépistage et surveillance du glaucome
- La pression oculaire est très simplement mesurée par l’ophtalmologiste. La pression exercée pour aplatir la cornée correspond à la pression qui règne à l’intérieur de l’œil. Le niveau de pression à atteindre est différent selon les patients. Il n’y a pas de chiffre magique qui protège définitivement du glaucome. C’est à l’ophtalmologiste de le déterminer.
- L’examen du fond est indispensable. Si la pupille a été dilatée, il est déconseillé de conduire juste après l’examen.
- L’examen du champ visuel : le plus souvent, l’atteinte débute par une petite anomalie dans la région nasale. Puis ce déficit augmente et réalise une zone de vision mal vue, ignorée dans les zones supérieures ou inférieures du champ visuel. Lorsque le glaucome a vraiment évolué, il ne persiste qu’une vision centrale.
- Les autres examens complémentaires : une analyse de l’épaisseur des fibres nerveuses (OCT ou GdX) ; une mesure de l’épaisseur de la cornée (pachymétrie), une étude des caractéristiques biomécaniques de la cornée et plus rarement un bilan cardio-vasculaire, des examens concernant le cerveau comme un scanner ou une IRM ou encore la recherche d’une apnée du sommeil.
Les traitements du glaucome
- Les collyres antiglaucomateux diminuent la pression oculaire. Pour être actifs ils doivent être administrés régulièrement. Tous les médicaments qui dilatent la pupille sont interdits chez les patients présentant un risque de glaucome aigu.
- Le laser : le laser utilisé pour traiter le glaucome aigu est le laser Yag. L’iridotomie au laser permet de soigner (ou de prévenir) le glaucome aigu en une seule séance. Le laser qui traite le glaucome chronique est le laser SLT, actif dans 70% des cas.
- La chirurgie devient nécessaire quand la pression oculaire n’est pas suffisamment abaissée par le traitement par collyre(s) ou en cas d’une allergie aux collyres. La plupart des interventions chirurgicales oculaires se déroulent maintenant sous anesthésie locale et en ambulatoire. La conduite automobile ainsi que la pratique d’une activité sportive sont déconseillées pendant le mois qui suit l’opération. Un choc sur l’œil durant cette période pourrait avoir des conséquences graves sur la vision. Les activités professionnelles doivent également être réduites pendant une durée déterminée par le médecin.
Par le Professeur Isabelle RISS.